Patronat et syndicats se retrouvent aujourd'hui pour une ultime séance de négociation sur la réforme des règles de représentativité syndicale et de leur financement. La perspective d'un accord n'est plus exclue.
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La question du développement des adhésions est au coeur de la négociation en cours sur la représentativité syndicale. |
Il y a deux mois et demi, lorsque les négociations sur la représentativité ont démarré, personne n'aurait parié sur un accord. A la veille de la dernière réunion, aujourd'hui, entre patronat et syndicats sur le sujet, un tel scénario n'est plus exclu, même si les embûches restent légion. L'affaiblissement de l'UIMM a largement contribué à ouvrir le jeu. L'évolution des propositions patronales le montre. Ainsi, la dernière version transmise aux syndicats hier après-midi, qui servira de base à la dixième séance de négociation, prévue aujourd'hui et demain, confirme ce qui se murmurait déjà depuis quelque temps : la présidente du Medef, Laurence Parisot, verrait d'un bon oeil un accord avec la CFDT et la CGT, qui remette vraiment à plat les règles de représentativité et de validation des accords collectifs (voir ci-dessous).
Cela n'a évidemment échappé ni au patronat de la métallurgie ni à la CGPME. D'où de nouvelles « tensions » lors de la dernière réunion patronale préparatoire d'hier matin, au dire de plusieurs participants. « La CGPME, le bâtiment et également l'UIMM ne se reconnaissent pas » dans le dernier texte patronal, estime Jean-François Veysset, de la confédération des PME, qui s'affirme « pour préserver [des] interlocuteurs qui ont permis de nombreux accords dans les branches ». En clair, Force ouvrière, la CFTC et la CGC.
Se permettre de prendre le risque
Il est de toute façon acquis que FO ne signera rien. La CGC et la CFTC n'en sont pas là, mais leur paraphe paraît aussi compromis. La première exige que l'on sanctuarise sa représentativité au motif qu'elle représente les cadres, ce qui paraît difficile. La CFTC a jusqu'à présent fait le choix de négocier pour obtenir des aménagements qui la préservent au moins un temps. Cependant, à six mois d'un congrès difficile (« Les Echos » du 5 avril), il pourrait être dangereux pour elle de contresigner une réforme de toute façon contestée en interne. A eux trois, ces syndicats pourraient même faire capoter les discussions en usant de leur droit d'opposition.
C'est du côté de la CFDT que la situation est la moins compliquée. Mais on ne voit pas pourquoi elle endosserait seule la responsabilité d'une réforme de la représentativité syndicale, qui, pour être comprise dans ses rangs, n'en suscite pas moins des craintes.
Autant dire que l'attitude de la CGT sera déterminante. Le fait qu'elle ait décalé à mercredi prochain la tenue de sa commission exécutive montre qu'en tout cas elle n'exclut pas une signature. Mais ce serait la première fois que, si avare de son paraphe, elle s'engagerait sur un sujet aussi sensible. Conforté en interne par le conflit des régimes spéciaux, Bernard Thibault peut considérer qu'il peut se permettre de prendre ce risque. Toute la question est de savoir jusqu'où il sera prêt à composer avec le Medef.
« Tout le monde joue »
Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est que tout le monde raisonne avec une épée de Damoclès au-dessus de lui : la menace de l'exécutif de légiférer. Là encore, la situation n'est pas simple. Du côté de Matignon, on est quasiment prêt à dégainer un projet de loi allant dans le sens du big bang souhaité par le Medef, la CFDT et la CGT. Mais, du côté de l'Elysée, le message est bien différent : on ménage les petits syndicats et on pourrait se satisfaire de se contenter d'élargir le cercle des syndicats représentatifs à l'Unsa. Au Parlement aussi. Partage des rôles pour jouer le rôle d'aiguillon auprès de toutes les parties ou réel désaccord sur le fond ? Sur ce dossier, « tout le monde joue au poker menteur », résume un de ses acteurs...
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