jeudi 16 avril 2009

Jack London : un écrivain au service de la classe ouvrière

Ne pas oublier l'histoire de notre classe est un des objectifs de ce blog.
C'est dans ce sens que nous publions ce compte rendu de lecture de deux petits livres de ce grand écrivain, faciles à lire, à recommander à toutes celles et ceux qui veulent donner un sens à leur révolte... 


A l'heure où les patrons prennent à court (en otage ???) leurs ouvriers en les foutant dehors après s'être assuré quelques millions d'euros de Bonus-exploiteurs
A l'heure où de nombreux ouvriers reprennent les bons vieux outils de la lutte, à coup de grève, occupation d'usine et séquestration de cadres, DRH, et autres voyous 

A l'heure où on peut prendre son déjeuner et se régaler au moins de l'image du patron de 3M, usine pharmaceutique, avec les traits tirés (lol) qui a passé deux petites nuits séquestrés par ces ouvriers,
Se régaler de cette image très courte car je ne peux faire l'impasse de délégués FO qui essaie de convaincre des ouvriers combattifs de relâcher le patron pour pouvoir négocier...la fermeture de l'usine !
ça rappelle étrangement la révolte et la rage de l'ouvrière de Saint Ouen dans Reprises 

Bref, des courts livres de Jack London sont à l'heure actuelle des outils de lutte, de réflexion et aussi de plaisir, de rires et de détente toute politique...et oui, c'est possible !


Le premier livre : Grève Générale, éd. Libertalia, mai 2008, 108 p., 8 euros.

Ce recueil de nouvelles se lit très vite, et on se REGALE....le must :
« Le Rêve de Debs » où Jack London exprime en un style direct et avec humour (ce qui ne gâche rien!) son dégoût des possédants et son adhésion au socialisme. Un matin, les notables de San Francisco s’éveillent et se retrouvent confrontés à leur statut d’oisifs : plus de chauffeur, de cuisinier, de femme de ménage… À l’appel du syndicat, les ouvriers ont déclenché une grève interprofessionnelle illimitée. Bientôt, les vivres manquent et la détresse des possédants progresse. Mais l’armée veille au grain. La Révolution attendra…

Extrait : « Vous me rebattez les oreilles avec votre liberté de travailler. Tel est votre leitmotiv depuis des années. Les travailleurs ne commettent aucun crime en organisant cette grève générale. Ils ne violent aucune loi. Cessez de geindre, Hanover. Depuis trop longtemps, vous trompez le peuple. Vous avez opprimé la classe ouvrière en serrant la vis. Maintenant, c’est elle qui vous tient, elle serre à son tour, et vous poussez de grands cris […]. Combien de grèves avez-vous gagnées en réduisant les ouvriers à la famine ? Eh bien, les ouvriers ont trouvé le moyen de vous soumettre à leur tour. Et s’ils ne peuvent y arriver qu’en vous affamant, vous crèverez de faim, voilà tout ! » 



Le deuxième : Ce que la vie signifie pour moi. aux éditions du Sonneur, 48 p, 6 €.
Un texte court, sous forme d'introspection où Jack London retrace son parcours de vie et son parcours militant. Ce texte commence par des mots forts :
« Je suis né dans la classe ouvrière. J'ai découvert de bonne heure l'enthousiasme, l'ambition, les idéaux; et les satisfaire devint le problème de ma vie d'enfant. Mon environnement était primitif, dur et fruste. Je n'avais pas de vue sur l'extérieur mais seulement sur ce qui se trouvait au-dessus. Ma place dans la société était tout à fait au bas de l'échelle. A ce niveau la vie n'offrait rien que de sordide et misérable, aussi bien pour la chair que pour l'esprit; car la chair et l'esprit y étaient pareillement affamés et torturés. » 


Ce texte retrace la vie de l'écrivain. De sa naissance dans le milieu ouvrier US, de ses débuts comme ouvriers, dockers...De sa volonté de fuir le travail ouvrier et sa condition en cherchant l'argent facile avec sa courte carrière dans le banditisme. Puis vient la prison et le vagabondage.
Enfin, lors d'une marche de chômeur au début du 20ème siècle, Jack London rencontre des militants ouvriers, des socialistes, des gauchistes. C'est à cette période qu'il entame avec succès sa carrière d'écrivain et ce jeune d'origine prolo va fréquenter les gens d'en haut, les riches, les notables, ceux qui sont censés être aussi riches matériellement et spirituellement.

Mais son rêve de s'en sortir individuellement disparaît au fur et à mesure que sa conscience de classe et son adhésion au socialisme se construit. Ainsi, comme il dit :
« Si bien que je suis retourné à la classe ouvrière, dans laquelle je suis né, à laquelle j'appartiens. Je ne me soucie plus de monter. L'imposant édifice de la société qui s'élève au-dessus de ma tête ne recèle pour moi rien de délectable. C'est la fondation de cet édifice qui m'intéresse. Là je me contente de travailler, le levier à la main, au coude à coude avec les intellectuels, les idéalistes, les travailleurs ayant la conscience de leur classe, en prenant de temps à autre une prise solide pour secouer tout l'édifice. Un jour, lorsque nous aurons pour travailler quelques mains et quelques leviers de plus, nous le renverserons, en même temps que tous ces vivants pourris et ces morts sans sépulture, son égoïsme monstrueux et son matérialisme sordide. Alors, nous nettoierons la cave et nous construirons une nouvelle habitation pour l'humanité, dans laquelle il n'y aura pas d'étage de salon, où toutes les pièces seront claires et aérées, et où l'air qu'on y respire sera propre, noble et vivant. » 


Pour finir par cette magnifique conclusion et le proverbe de fin :
« Telles sont mes perspectives. J'aspire à l'avènement d'une époque où l'homme réalisera des progrès d'une plus grande valeur et plus élevés que son ventre, où il y aura pour pousser les hommes à l'action un stimulant plus noble que le stimulant actuel, qui est celui de leur estomac. Je garde intacte ma confiance dans la noblesse et l'excellence de l'espèce humaine. Je crois que la délicatesse spirituelle et l'altruisme triompheront de la gloutonnerie grossière qui règne aujourd'hui. Et en dernier lieu, ma confiance va à la classe ouvrière. Comme a dit un Français : "L'escalier du temps résonne sans cesse du bruit des sabots qui montent, et des souliers vernis qui descendent." »

1 commentaire:

Raphaël Zacharie de IZARRA a dit…

OUVRIERS-VOYOUS, PATRONS OPPRIMES !

On a vu récemment des ouvriers en péril de licenciement prendre en otages leurs patrons afin d'exercer contre eux un odieux chantage à l'emploi. Avec des méthodes de maffieux avinés, les ouvriers séquestrent leurs patrons, se permettent de les injurier, de les humilier publiquement, les intimident moralement et physiquement, les menacent même de mort...

Je suppose que si les patrons décident d'entreprendre des plans de licenciements économiques, c'est que des circonstances impérieuses parfaitement indépendantes de leur volonté les y obligent. C'est donc, on le devine, pour des raisons éminemment stratégiques visant à maintenir le cap vers la prospérité, voire purement et simplement pour épargner un naufrage annoncé à leur paquebot que les patrons licencient.

Licencier des ouvriers pour des raisons économiques, c'est sacrifier les emplois d'une minorité de travailleurs pour sauver ceux de la majorité, bref c'est lâcher du lest pour faire remonter le ballon dans l'azur économique. Ainsi allégé et après avoir pris une bonne bouffée d'oxygène, plus tard il aura des chances de venir reprendre ses passagers laissés à terre. Dans le pire des cas, même si le sacrifice est sans appel, ce délestage aura au moins contribué au salut des autres employés.

Les patrons n'y sont personnellement pour rien, ils ne font que réagir en tant que chefs d'entreprise et non pas en syndicalistes bêtement émotifs et irresponsables. Je les trouve d'ailleurs fort courageux de licencier leurs ouvriers car dans le contexte actuel on sait combien de telles décisions sont impopulaires !

Les patrons ne font pas de sentiments, c'est ce qui fait leur force.

Diriger une entreprise avec des scrupules de borgnes qui s'arrêtent à des considérations secondaires et immédiates sans voir l'horizon, c'est courir à la catastrophe.

Les ouvriers ne distinguent que les vagues, les patrons voient l'iceberg.

Les ouvriers ont une vision mesquine, individuelle, égoïste de l'entreprise qui les emploie. Leurs patrons ont un état d'esprit plus universel, une vue globale, des considérations de haute volée, des intuitions de longue portée.

Les empêcher d'avoir recours aux salutaires licenciements économiques, les obliger à renoncer à reprendre leur respiration économique, c'est contribuer à un stupide processus d'étouffement général de l'entreprise. Certes les effets bénéfiques de ce chantage à l'emploi se feront sentir à brève échéance. Les patrons séquestrés dans leurs bureaux, acculés à des hérésies prolétariennes prendront des décisions populistes. Décisions très généreuses socialement parlant.

Mais catastrophiques sur le plan économique.

Et le jour où ce beau château d'illusions prendra l'eau, ces ouvriers-crapules entraîneront leurs collègues dans la catastrophe générale. Et qui ces irresponsables-geignards accuseront-ils cette fois ?

Au lieu de reprocher à leurs patrons de les licencier, les ouvriers devraient au contraire les remercier de les avoir employés des années durant ! Ils devraient être reconnaissants, pleins de gratitude envers leurs employeurs. Et puis ce serait vite oublier que le licenciement économique fait partie des risques du "métier de salarié". Il faut être naïf pour croire qu'un emploi est définitif, à vie. A partir du moment où un ouvrier se fait embaucher, il doit prendre en compte le risque inhérent à son statut d'employé : le licenciement économique. Le système économique est ainsi. Le patron prend des risques bien plus grands, lui.

L'économie a ses exigences techniques, bancaires, professionnelles. Pourquoi au nom de la sauvegarde des emplois on devrait payer des gens pour des travaux inutiles, stupides, dangereux, obsolètes ? C'est comme si afin de sauvegarder des postes acquis on avait obligé les fabricants de machines à écrire mécaniques à maintenir l'emploi dans ce secteur à l'époque du plein essor de l'ordinateur !

Malheureusement les ouvriers-voyous enivrés de revanche sociale font de plus en plus la loi, bénéficiant d'une perverse couverture médiatique qui agit en leur faveur : en effet, celle-ci induit un sot, irrationnel assentiment populaire basé sur la pure émotivité au détriment de la réflexion.

Pour quel résultat ? L'avenir le dira.

En attendant, les patrons -véritables locomotives économiques du pays- sont considérés comme des bandits par ceux-là même qu'ils emploient !

Un comble.

Voir loin, viser haut, oser décoller comme le font les patrons, c'est malheureusement s'attirer des ennuis de la part de ceux qui rampent, tremblent, pleurnichent.

Raphaël Zacharie de IZARRA
raphael.de-izarra@wanadoo.fr